Akris, souvenez-vous de ce nom, il reviendra souvent dans As A Muse. Son designer Albert Kriemler est un passionné d’art et il s’est inspiré de plusieurs artistes pour ses collections. Pour l’été 2017, Akris rend hommage à la plus âgée des artistes contemporaines : Carmen Herrera. Originaire de la Havane, cette peintre de 101 ans n’a connu le succès qu’à 70 ans ! Un exemple inspirant de dévouement à son art alors qu’elle n’a pas vendu de toiles la majeure partie de sa vie. Le Whitney Museum of American Art (NYC) lui a consacré une rétrospective en 2016. Tout vient à point à qui sait attendre.
Carmen Herrera arrive à Paris en 1948. C’est la fin de la guerre et la vie artistique y est florissante. Elle intègre un groupe d’artistes non-objectifs – un courant de l’art abstrait géométrique à la recherche de simplicité et de pureté. Une façon d’exorciser Hitler et le nazisme. Elle trouve son style qui est plutôt radical pour les années 50. Elle se rend ensuite à New York où elles explorent les mêmes problématiques que ses contemporains Jackson Pollock, Ellsworth Kelly, Leon Polk Smith et Frank Stella qui, contrairement à elle, rencontrent un énorme succès.

Carmen Herrera, Blanco y Verde, 1967
Les toiles de Carmen Herrera sont minutieuses et épurées. Elle dit dans The 100 years show, un reportage qui lui est consacré sur Netflix : « Si vous allez à l’essentiel, vous ne pouvez pas échouer. (…) less is more, c’est ce que je fais tout le temps. Quand je pense que quelque chose est fini, j’enlève encore quelque chose et c’est mieux (…) Au milieu du chaos dans lequel nous vivons, j’aime mettre de l’ordre ». Les couleurs vives et les formes géométriques apportent une grande vitalité à ses peintures.
Je trouve qu’Albert Kriemler adapte les œuvres de Carmen Herrera avec respect et élégance. On sent qu’il a voulu comprendre sa démarche et honorer son travail de la meilleure manière. La sobriété et la précision des coupes s’harmonisent avec le style Herrera. C’est intelligent, cohérent mais sans en faire trop – une vraie réussite !

Carmen Herrera, Green Garden, 1950

Carmen Herrera, Iberic, 1949
Photos: Vogue and Lisson Gallery
Brigitte MD says:
Très bon article…Passionnant et plein d’espoir… La reconnaissance est « l’affaire » de toute une vie…. La preuve! Bravo hélène.
09.02.2017 — 7:45