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Ah Magritte ! Mon artiste préféré. J’étais très contente quand j’ai appris que la marque Opening Ceremony en avait fait sa muse même si la simplicité de cette collection est un peu décevante. Mais les peintures de Magritte sont tellement puissantes et iconiques qu’elles se suffisent à elles-mêmes. Comme il n’y a pas grand chose à dire sur la manière dont Humberto Leon et Carole Lim se sont appropriés le travail de l’artiste belge, je vais tout simplement vous parler de : Magritte ! Je vous ai dit que c’est mon artiste préféré ?

Magritte fait partie du mouvement surréaliste du XXème siècle – ses contemporains sont Salvador Dalí, André Breton, Max Ernst. Il est très connu pour « Ceci n’est pas une pipe », ça vous parle ? Il ne faut pas se fier à l’apparente naïveté des toiles de Magritte. Elles sont très réfléchies. Pour lui, « le tableau parfait ne permet pas la contemplation, sentiment banal et sans intérêt » (R. Magritte, Écrits Complets, 1979) mais il incarne des idées. Magritte questionne avec humour le réel et sa représentation. Il pousse à observer le monde d’un œil nouveau et à développer son esprit critique pour se méfier des évidences. Démonstration.

carte mentale

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René Magritte, La Cascade, 1961

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Il vous est déjà arrivé de parler avec un ami d’une expérience commune et de vous rendre compte que vous ne vous souveniez pas des mêmes choses ? Chacun de nous crée une carte mentale pour appréhender le monde qui l’entoure. Cette carte mentale est le résultat de notre éducation, de nos connaissances, de nos valeurs. Nous ne donnons donc du sens aux choses qu’en les déformant – on généralise, on s’attache à certains détails tandis qu’on occulte les autres.

L’arrière-plan de La Cascade montre un feuillage proche tandis que l’avant-plan est le tableau d’une forêt éloignée. Les deux feuillages sont différents puisque l’un est loin et l’autre proche, l’un fait partie d’un tout tandis que l’autre est montré individuellement, l’un est à l’intérieur et l’autre à l’extérieur. L’œuvre La Cascade incarne la pensée qui associe l’objet (ici la forêt) et sa représentation (le tableau) en transcendant leurs différences spatiales et conceptuelles. C’est la manifestation de notre carte mentale.

REALITE ET PERCEPTION

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René Magritte, Le musée du roi, 1966

Le Musée du Roi est dans la même veine. Il présente le contour d’un homme. Le monde extérieur dans lequel il se trouve est noir et opaque mais on peut voir dans la béance du personnage un paysage montagneux profond. Magritte montre que le monde n’existe que dans la façon dont il est perçu et conçu. Notre perception du monde est unique mais pas pour autant véridique puisqu’elle n’est pas la réalité.

inne ou acquis ?

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René Magritte, Les vacances de Hegel, 1958

Les vacances d’Hegel révèle une association surprenante: un verre d’eau et un parapluie ouvert. Deux objets ordinaires du quotidien aux fonctions contraires (garder et repousser l’eau) que Magritte place dans un contexte inhabituel. Voir ces objets où on ne les attendait pas crée un choc visuel qui leur fait perdre l’identité qu’on leur attribuait. Magritte remet en cause les conventions – nous prenons pour vérité des choses que nous pensons naturelles alors que nous les avons acquises.

Je vous recommande vivement l’exposition Magritte au Centre Pompidou à Paris (ouverte jusqu’au 23 janvier 2017 !). Elle vous permettra de découvrir ses œuvres les plus célèbres à travers des concepts philosophiques. Si vous y êtes déjà allés, n’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les commentaires !

Photos: Philippe Jarrigeon pour Opening Ceremony